- Embranchement : Mollusca
- Classe : Gastropoda
- Ordre : Stylommatophora
- Famille : Elonidae
- Genre espèce : Elona quimperiana
- Nom vernaculaire : L’Escargot de Quimper
Ici, inutile de vous lécher les babines, toute allusion culinaire serait déplacée, voire hors la loi. Exit le beurre persillé, les deux gousses d’ail, un peu de sel, de poivre, … je sais, c’est très appétissant, mais ne nous égarons pas, et intéressons-nous à ce petit gastéropode qu’est l’escargot de Quimper.
L’escargot de Quimper (Elona quimperiana), comme sont nom ne l’indique pas, a une aire de répartition mondiale, mais très réduite : une partie ouest de la Bretagne et une partie du pays basque pour la France, puis en Galice, au Pays basque espagnol, et dans les Monts Cantabriques pour l’Espagne (nord du pays donc)
Classé parmi les grands escargot français, la coquille discoïde de l’adulte peut atteindre un diamètre de 30mm.
La caractéristique la plus évidente est l’aplatissement de sa coquille du côté des spires, à cela s’ajoutent un ombilic très ouvert et un péristome (rebord de l’ouverture de la coquille) de couleur claire et sans dent.
On distingue également, chez les individus vivants, de petites tâches sombres qui semblent être sur la coquille, mais qui sont en fait sur le corps de l’animal. L’épaisseur de la coquille étant plus fine que chez les autres escargots, on aperçoit ainsi ces tâches, qui sont en réalité sur le corps (manteau) de l’animal, par transparence.
Les juvéniles se distinguent par la présence de petits poils sur leur coquille.
Toutes ces caractéristiques en font un escargot très facile à identifier.
L’escargot de Quimper a une préférence pour les milieux boisés, humides et ombragés.
Mais il n’est pas exceptionnel de le croiser dans des endroits dégagés, comme dans les Monts d’Arrée dans le centre Finistère.
Son activité est plutôt nocturne, mais on peut le croiser en pleine journée pour peu que les conditions soient réunies (températures moyennes, humidité, ciel couvert).
Aux périodes de repos suivent les périodes de reproduction (avril-mai puis septembre-octobre).
Citons un extrait de Jules René Bourguignat, dans cette parution de 1860 (Malacologie terrestre et fluviatile de la Bretagne), concernant ce qui était appelé alors Hélix Quimperiana :
Hélix Quimperiana Férussac Tabl syst p 43 n 172 1821
Ce Mollusque d abord découvert aux environs de Quimper ainsi que nous l’avons dit ci-dessus paraît très rare dans cette localité. Ainsi nous n’en avons trouvé que quelques individus en remontant l’Odet et le long d un ruisseau non loin de Plomelin.
Si cette Coquille est peu abondante dans les environs de Quimper, en revanche elle est très répandue dans presque tout le pourtour de la rade de Brest Ainsi à Landevennecnec, Lanvéoc, Plougastel, Saint Marc, Quilbignon, Saint Pierre et surtout à Brest, au dessus de la ville, dans un petit bois qui domine la partie nord du port militaire. – Dans cette dernière localité , l’on peut par un temps un peu humide, principalement vers le mois de juin, en recueillir 100 à 200 dans une heure.
D’après M. Daniel cette Hélice se trouve également dans les environs de Châteaulin; nous n’avons pas été assez heureux pour la rencontrer dans cette localité.
La Quimperiana n’habite point (du moins jusqu’à présent l’on a pu la constater) les pourtours de la baie de Douarnenez, qui est si voisine de celle de BrestJules René Bourguignat
Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France (1892) :
Espèces du genre Hélix peu communes en France ;
par Albert Granger (Le Naturaliste, 13e année, 1er juin 1891,p. 129-130).
Dans cet article, M. A. Granger donne quelques renseignements sur les espèces suivantes : Hélix glacialis Thom., H. Magnetti (Contr.), H. orgonensis (Phil.), H. personata (Lam.), H- quimperiana (Fer.), H. Rongiana (Fer.), H. villosa Studer, H. zonata (Dup.).
Au sujet d’Hélix quimperiana qui intéresse notre région, l’auteur s’exprime ainsi :
« Hélix quimperiana (Fer.). — Bien avant l’époque où l’on a connu sa véritable patrie, cette Hélice avait été découverte en Bretagne où elle a dû être importée. On la trouve dans le Morbihan : Tour d’Elven près Malestroit ; dans le Finistère, aux environs de Quimper, de Brest à Landevennec, à Louvéac, à Plougastel, à Saint-Marc.»
Mais elle est beaucoup plus abondante dans la région pyrénéenne, sur toute la frontière d’Espagne: on la trouve à 01hette,Sare, le Mont d’Arrain, Saint-Jean-de-Luz, à Hendaye dans les murs de clôture des jardins près du vieux fort. Elle se plaît dans les endroits frais et ombragés, sous les pierres, au pied des murs, dans les interstices des rochers et dans les fentes des vieilles murailles. »Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France (1892)
Tableaux systématiques des animaux mollusques classés en familles naturelles, dans lesquels on a établi la concordance de tous les systèmes; suivis d’un prodrome général pour tous les mollusques terrestres ou fluviatiles, vivants ou fossils; (1821) :
N° 172. QUIMPERIANA, nobis, pl. fig.
)Nobis,pl. LXXVI (par erreur LXVI), fig. 2.
Habit. Les bords de l’Odet, près Quimper en Bretagne. Elle a été découverte par Mrs de Kermovan et Bonnemaison; Comm. Desmarest.Tableaux systématiques des animaux mollusques classés en familles naturelles, dans lesquels on a établi la concordance de tous les systèmes; suivis d’un prodrome général pour tous les mollusques terrestres ou fluviatiles, vivants ou fossils; (1821)
Faune de France 21 : GERMAIN L. – Mollusques terrestres et fluviatiles. vol I. 1930, 478 p
LES CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA. FAUNE FRANÇAISE LES MIGRATIONS MALACOLOGIQUES ET LES PHÉNOMÈNES D’ACCLIMATEMENT
B] Faunule atlantique ou lusitanienne.
L’Elona quimperiana de Fér. a une répartition tout à fait discontinue : il vit dans le Nord-Ouest de l’Espagne et, en France, dans les départements des Basses-Pyrénées (Saint-Jean-de-Luz, Hendaye) et du Finistère (Quimper, rade de Brest …..) sans s’éloigner beaucoup de la mer. le point le plus éloigné du littoral où cette espèce ait été trouvée en France étant Huelgoat (30 kil. de la Manche, 45 kil. de l’Océan Atlantique). Il est vraisemblable que l’Elona quimperiana de Fér. avait autrefois une distribution continue sur des terres aujourd’hui recouvertes par l’Atlantique et dont les îles de Ré, d’Oléron, de Noirmoutier .. , sont les derniers vestiges.Faune de France 21 : GERMAIN L. – Mollusques terrestres et fluviatiles. vol I. 1930, 478 p
Faune malacologique terrestre, fluviatile et marine des environs de Brest (Finistère) (1885) :
596. Hélix Quimperiana, Férussac.
Hab. Cette espèce, beaucoup plus répandue dans les environs de Brest, et même dans la ville de Brest, qu’à Quimper, vit au milieu des décombres couverts de mousses et de ronces, dans les rochers humides, où elle se trouve souvent en compagnie d’une petite Fougère, particulière au Finistère, l’Hymaenophyllum Tunbridgense. — Les fortifications qui avoisinent la porte du Moulin à poudre. Le fort Bouguen, tant en dehors que dans les douves, en
fourmille. On la trouve communément à Kervallon, à Ste Anne, dans la vallée et sous les ruines du château du fort du Diable; à la pointe la plus avancée dans la mer; à Daoulas, sur toute la côte de Plougastel, sous les rochers, puis, plus loin, à 2 lieues de Landerneau, à Goarrequear. Dans ces deux localités, elle est accompagnée de l’Hymœnophyllum, de même qu’au Huelgoat, près des mines de plomb.
Obs. Je possédais cette espèce, depuis 1827, provenant d’Espagne, mais la coquille espagnole est beaucoup plus épaisse et plus résistante que la coquille bretonne, que je n’ai jamais crue importée, vu la distance où elle se trouve des ports et du bord de la mer. En 1885, je l’ai retrouvée dans le Morbihan, sous les ruines du château de Lanvaux, où M. Taslé l’indiquait. Une variété sénestre de cette coquille existe à Brest, dans une collection particulière.
C’est l’H. Kermorvani de Collard des Cherres et l’H. Corisopitensis de Deshayes.Faune malacologique terrestre, fluviatile et marine des environs de Brest (Finistère) (1885)
Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France (TOME 3 1893)
L’HELIX QUIMPERIANA (Férussac) EST-IL INDIGÈNE DANS LE FINISTÈRE
par M. Gh. PICQUENARD.
L’Helix quimperiana (Férussac) est une des espèces les plus intéressantes de notre faune malacologique. Grâce à ses caractères bien nets et distincts, nos naturalistes l’ont souvent remarqué et on en connaît aujourd’hui un certain nombre de localités dans le Finistère.
Je rappelle en passant que la coquille de cet Hélix est aplatie comme celle des Planorbes, ombiliquée ; cette coquille est assez mince, cornée, semi-transparente mouchetée de noir quand elle renferme l’animal vivant (dont la peau présente d’assez nombreuses taches noires) ; unicolore, quand l’animal ne s’y trouve plus. La coquille est assez finement striée transversalement ; le péristome est blanc, étalé ; le diamètre de la coquille est, d’ordinaire, de 20 à 30 millimètres. Le pied de l’animal est d’un gris-pâle ou d’un gris-rosé en-dessus ; jaunâtre-pâle sur les bords et en-dessous.
Chez nous cet Hélix était jusqu’ici connu principalement dans les anfractuosités des vieux murs à Quimper et à Quimperlé ; aux environs de Brest, une seule localité s’éloignait de l’ordinaire : celle de Plougastel où l’espèce en question habite sous des rochers escarpés.
Malgré cela, une note de M. Granger, analysée récemment dans le Bulletin de la Société des Sciences naturelles de l’Ouest de la France mettait cependant en doute son indigénat.
Moi-même, en me livrant à la recherches des mollusques du Finistère, recherche que je poursuis avec ardeur depuis plusieurs années je ne l’avais jamais rencontrée (dans le sud du département) en une localité vraiment éloignée de tous les agents de naturalisation.
La découverte faite par moi le 4 octobre 1893 de cette espèce dans un des endroits les plus sauvages de la forêt de Clohars-Carnoët vint, une première fois, modifier ma manière de voir. La base du chêne (d’au moins 120 ans) sur lequel je la rencontrai était entièrement couverte de mousses et l’arbre était assez âgé pour être fréquenté par les Carabes que j’y recherchais ; or, l’on sait que ces coléoptères ne se fixent guère que sur les arbres
dont l’écorce épaisse et fendillée leur fournit, par ses anfractuosités, une retraite assurée .
A quelques jours d’intervalle, j’ai retrouvé le même Hélix plus au sud, auprès de grands rochers avoisinant le château ruiné et dans la vallée si pittoresque qui s’étend entre la route des Grands-Sables et le chemin de Saint-Maurice.
Mais je devais le recueillir encore ailleurs dans des conditions analogues.
D’après M. F. Kerforne je l’avais, en effet, signalé à Quimperlé. La localité en question était un mur de soutènement bordant la route de Quimperlé au Faouët.
J’en rencontrai bien quelques exemplaires le long de ce mur, mais où l’espèce se montra particulièrement commune, ce fut dans les fentes et à l’abri des grands rochers sur lesquels s’appuie ce mur.
D’un autre côté, ces rochers m’offrirent la végétation des rochers un peu humides des bois, modifiée seulement par la présence de Géranium lucidmn.
Le chêne s’y élève là où il a pu rencontrer une fente renfermant un peu de terreau ; le Polypodium vulgare, le Polysticiium dilatatum, le Corydalis claviculala, en tapissent les parois et les anfractuosités accompagnés de quelques lichens : Peltigera canina par exemple ; de muscinées : Dicranum
scoparium, Polytrichum juniperinum, P. piliferiwi, Tliyidium taniariscimmi, Jïyjmum myosuroides , ff. splendens, H. sylvaticum, H. lorewn, H. triquetrum, Frullania Tamarisci, etc . . . dénotant l’existence autrefois en ce point soit d’un bois-taillis, soit d’une de ces landes boisées qui s’étendent si
souvent encore sur les pentes de nos grandes vallées de l’intérieur ; une partie des bois à disparu, la ville s’est étendue de ce côté, mais je crois que là, comme à Carnoët et ailleurs, l’Helix quimperiana n’est pas un nouveau venu : c’est lui aussi un reste du passé. Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France
Protégé par plusieurs lois, l’escargot de Quimper bénéficie ainsi d’une protection au niveau national, européen, et international.
On le trouve sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)
Bien qu’abondant localement, l’espèce est fragile, car justement très localisée, et menacée par la disparition des bois et le morcellement de ses lieux de prédilection.
Quelques photographies de la bête :
Quelques vidéos sur les escargots :
– Vidéos sur l’escargot de Quimper, proposées par l’Espace des sciences de Rennes (www.espace-sciences.org) :
Diaporama
Présentation de l’espèce
Trouver l’escargot de Quimper
– Du CNRS et Muséum national d’histoire naturelle :
Évolution, des clés pour comprendre : L’escargot, mutations et espèces
Lecture :
Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France (1892)
Faune malacologique terrestre, fluviatile et marine des environs de Brest (Finistère) (1885)
Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France (TOME 3 1893)