Information
On peut croiser en Bretagne plusieurs espèces de Decticelles, sauterelles ayant plus ou moins le même aspect :
Metrioptera brachyptera (Linnaeus, 1761) : La Decticelle des bruyères
Roeseliana roeselii, anciennement Metrioptera roeselii (Hagenbach, 1822) : La Decticelle bariolée
Metrioptera saussuriana (Frey-Gessner, 1872) : La Decticelle des alpages
Pholidoptera griseoaptera (De Geer, 1773) : La Decticelle cendrée
Platycleis affinis (Fieber, 1853) : La Decticelle côtière
Platycleis albopunctata (Goeze, 1778) : La Decticelle chagrinée
Tesselana tessellata, anciennement Platycleis tessellata (Charpentier, 1825) : La Decticelle carroyée, Le Dectique marqueté
Ces espèces font partie de la famille des Tettigoniidae.
Intéressons-nous aujourd’hui aux Metrioptera et Roeseliana, les trois espèces représentant ces genres en Bretagne étant visuellement assez proches.
Afin de bien distinguer les Metrioptera et Roeseliana des autres genres (Pholidoptera, Platycleis et Tesselana), quelques mots s’imposent sur ces derniers :
Les Pholidoptera griseoaptera sont plutôt sombres, de couleur brune.
Les mâles ont les tegmina courts, arrondis et à épaisses nervures. Ils font environ la moitié de la longueur du pronotum. Celui-ci est finement bordé d’un liseré clair.
Les tegmina des femelles se trouvent sous le pronotum, dépassant très peu, comme on peut le voir sur les photos à gauche. Un fine bordure claire se trouve également sur le pronotum. L’oviscapte est courbé.
De plus, les deux sexes ont le ventre de couleur jaune
Concernant les Platycleis (et donc Tesselana puisque Tesselana tessellata = Platycleis tessellata), il n’y a pas grand chose à ajouter aux propos de L. Chopard (Faune de France 56 : Orthoptéroïdes par Lucien Chopard), p145 :
Les Metrioptera diffèrent des Platycleis par le développement des élytres et des ailes qui sont typiquement raccourcis, ne dépassant guère le milieu de l’abdomen, et surtout par la forme de la plaque sous-génitale de la femelle, qui est variable, mais jamais sillonnée. Il existe dans plusieurs espèces des individus macroptères, généralement rares.L. chopard
Trois espèces sont signalées en Bretagne : Platycleis albopunctata (Taille moyenne, oviscape long et faiblement courbé, 7e sternite lisse), Platycleis affinis (Grande taille, oviscape plus long et faiblement courbé, tubercule sur le 7e sternite), et Tesselana tessellata (Petite taille, oviscape court et nettement courbé).
Passons maintenant au sujet principal.
Roeseliana et Metrioptera
Sont donc répertoriées en Bretagne une espèce de Roeseliana et deux de Metrioptera :
Roeseliana roeselii – anciennement Metrioptera roeselii – (Decticelle bariolée) – (Roesel’s Katydid)
Metrioptera brachyptera (Decticelle des bruyères) – (Bog Bush-cricket)
Metrioptera saussuriana (Decticelle des alpages) – (Saussure’s Bush-cricket)
Le moyen le plus sûr pour différencier les trois espèces est l’observation des plaques sous-génitales des femelles :
(note : Metrioptera roeselii = Roeseliana roeselii)
Ce qui donne sur le terrain :
Il est à noter que la taille des tegminas n’est pas un critère fiable, certains rares individus pouvant être macroptères (comme ici ce mâle Roeseliana roeselii)
Roeseliana roeselii = Metrioptera roeselii (Decticelle bariolée) :
C’est la decticelle la plus commune, que l’on rencontre un peu partout en Bretagne.
Tegmina brunâtres transparents.
Mâle : Ligne claire et bien visible sur les bords latéraux du pronotum, tegmina translucides et courts, au maximum jusqu’à l’extrémité de l’abdomen. Cerques dentés au tiers apical. Taches jaunes sur l’abdomen : une au dessus de la base de la patte médiane, une au dessus de la base de la patte postérieure.
Femelle : dominante de couleur verte, tegminas brunâtres et plutôt courts, ligne claire sur les bords du pronotum.
Le chant de cette sauterelle est caractéristique : un zzzzz électrique continu.
La description de L. Chopard :
Cerques du mâle grêles, dentés vers le tiers apical (fig. 266) ;10e tergite à échancrure étroite, lobes rapprochés; titillateurs droits, bidentés à l’apex; plaque sous-génitale de la femelle à échancrure très profonde, lobes étroits, subaigus à l’apex, partie basale carénée; oviscapte court faiblement courbé.L. chopard
Metrioptera brachyptera (Decticelle des bruyères) :
Ligne claire à l’arrière des bords des côtés du pronotum. Lignes vertes sur le bord des tegmina, le dessus de la tête et le pronotum (pas systématique). Tegmina à l’extrémité plutôt pointue. Cerques dentés peu avant le milieu.
Son chant ressemble à celui de R. roeselii, mais à la différence près qu’il n’est pas continu.
La description de L. Chopard :
Brun avec des bandes vertes; dessus de la tète et disque du pronotum verts; derrière chaque œil se trouve une large bande brun foncé coupée par une fine ligne jaune; lobes latéraux du pronotum marbrés de brun avec les bords pâles; abdomen brunâtre dessus avec deux bandes latérales foncées. dessous vert; pattes brunes, Les fémurs postérieurs présentant une bande longitudinale foncée. Élytres plus courts que l’abdomen, étroits à l’apex, subacuminés, bruns avec les bords antérieur et postérieur d’un beau vert.
Dixième tergite abdominal du mâle présentant une échancrure assez large, les deux angles prolongés en pointe; plaque sous-génitale échancrée, styles assez longs; cerque à partie basale élargie, dent forte, située au milieu. Plaque sous-génitale de la femelle lisse, rétrécie à l’apex, avec une échancrure étroite et peu profonde; oviscapte assez long, faiblement et régulièrement courbé.L. chopard
Metrioptera saussuriana (Decticelle des alpages) : ressemble à Metrioptera brachyptera :
On la différencie de la précédente par l’absence de vert sur les bords des tegmina (faire tout de même attention, car certains individus Metrioptera brachyptera n’ont pas de bordures vertes). De plus l’extrémité des tegmina est très arrondies.
Mâle : cerques fortement dentés au milieu.
Son chant est identique au précédent, avec un petit dérapage de temps en temps.
La description de L. Chopard :
Un peu plus grand que le précédent, brunâtre. Tête avec une bande brune derrière les yeux, divisée par une ligne jaune qui se prolonge un peu sur le pronotum ; lobes latéraux de celui-ci bruns, à bordure jaune très étroite, partie supérieure un peu plus foncée. Pattes brunes. Élytres atteignant l’apex du 7e tergite abdominal chez le mâle, du 4e chez la femelle, assez largement arrondis à l’apex, brunâtres. Dixième tergite du mâle à échancrure arrondie, les angles prolongés en pointe; plaque sous-génitale faiblement échancrée; styles longs; cerques courts, très larges à la base, avec une dent forte et recourbée au milieu. Plaque sous-génitale de la femelle large, presque plate, lisse ou un peu ridée, à échancrure apicale triangulaire, assez profonde, mais variable; partie basale à carène nette; lobes parfois un peu recourbés en dedans à l’extrémité. Oviscapte faiblement et régulièrement courbé.
Cette espèce ressemble assez à la précédente; elle est plus petite, sans parties vertes, à élytres plus arrondis à l’apex; chez le mâle, le lOe tergite est plus largement échancré, les titillateurs différents; chez la femelle, l’oviscapte est semblable, mais la plaque sous-génitale à échancrure plus profonde, base carénée.L. chopard
Pour les puristes, voici la clé de L. Chopard concernant les espèces qui nous intéressent :
1. Cerques du màle dentés vers le milieu ou le tiers apical.Oviscapte variable, plus régulièrement courbé . . .
3.3. Disque du pronotum plat, carènes latérales présentes . . .
4.4.– Cerques du mâle courts et très élargis à la base, avec une très forte dent interne; titillateurs épais et droits; plaque sous-génitale de la femelle à lobes très longs et aigus . . .
5.– Cerques du mâle plus longs, moins élargis à la base, à dent interne moins forte; titillateurs variables; plaque sous-génitale de la femelle à lobes arrondis ou triangulaires, mais courts . . .
6.6.– Cerques du mâle grêles, dentés vers le tiers apical (fig. 266) ;
10e tergite à échancrure étroite, lobes rapprochés; titillateurs droits, bidentés à l’apex (Fig. 268) ; plaque sous-génitale de la femelle à échancrure très profonde, lobes étroits, subaigus à l’apex, partie basale carénée (fig. 269); oviscapte court faiblement courbé (Fig. 282) (subgen. Roeseliana ZEUNER) … 8. roeseli.– Cerques du mâle plus épais, dentés au milieu; lOe tergite large, lobes écartés; plaque sous-génitale de la femelle à échancrure moins profonde . . .
7.7. – Élytres subaigus à l’apex, bordés de vert; cerques du mâle dentés un peu avant le milieu; titillateurs très courts, droits, un peu courbés à l’apex (fig. 274) ; plaque sous-génitale de la femelle à échancrure très peu profonde, partie basale non carénée (fig. 275) . . .
2. brachyptera. – Élytres arrondis à l’apex, sans bordure verte; cerques du mâle dentés au milieu (fig. 270) ; plaque sous-génitale de la femelle à échancrure plus profonde, partie basale carénée (Fig. 273) ; titillateurs longs, terminés par une petite boule garnie d’épines (fig. 272) . . .
3. saussuriana.———-
2. Metrioptera (s. str.) brachyptera (L.). – Gryllus brachyplerus LINNÉ, 1761, Fauna Suee., p. 237. – PLalycleis brachyptera FI NOT, 1890, p. 208; – AZAM,1901, p. 158; -~ HOULBERT, 1927. p. 243, pl. XI, fig. 73. – Metrioptera brachyptera CHOPARD, 1922, p. 84, fi~. 201. 204, 206; – ZEUNER, 1941, p. 40, fig. 7.Biologie. – BOLDYREV,1915, Bor. 8oc. ent. Ross., p. 167.
Brun avec des bandes vertes; dessus de la tète et disque du pronotum verts; derrière chaque œil se trouve une large bande brun foncé coupée par une fine ligne jaune; lobes latéraux du pronotum marbrés de brun avec les bords pâles; abdomen brunâtre dessus avec deux bandes latérales foncées. dessous vert; pattes brunes, Les fémurs postérieurs présentant une bande longitudinale foncée. Élytres plus courts que l’abdomen, étroits à l’apex, subacuminés, bruns avec les bords antérieur et postérieur d’un beau vert.
Dixième tergite abdominal du mâle présentant une échancrure assez large, les deux angles prolongés en pointe; plaque sous-génitale échancrée, styles assez longs; cerque à partie basale élargie, dent forte, située au milieu. Plaque sous-génitale de la femelle lisse, rétrécie à l’apex, avec une échancrure étroite et peu profonde; oviscapte assez long, faiblement et régulièrement courbé.
Long. 12-16mm. ; pronot. 4-4,5 mm. ; fém. post. 14-17 mm. ; élytre mâle 7-9,5 mm., femelle 4,5-8 mm. ; oviscapte 8-10 mm.
Espèce assez peu commune, habitant plutôt le Nord et les montagnes, dans les localités un peu humides; clairières des bois, bruyères. Adulte en août-septembre. Chant faible, composé d’une seule note répétée régulièrement.
forme marginata THUNB. – Locusta marginata THUNBERG, 1815, Mém . Ac. Sc. St-Pétersbourg, V, p.283. – Forme macroptère, à élytres dépassant l’extrémité abdominale, se trouvant dans les mêmes localités que le type, mais très rare. – Bagnols-de-l’Orne (BURR).
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3. Metrioptera (s. str.) saussuriana (FR. G.). – Plalycleis saussuriana FREY-GESSNER, 1872, Mitt. schweiz. ent. Ges., IV, p.8, pl. l, fig. 1a-b. – Plalycleis saussureana FINOT, 1890, p. 209; – AZAM, 1901, p. 158. – Metrioptera saussuriana ZEUNER, 1941, p. 41. – Metrioptera abbreviata CHOPARD, 1922, p. 84, fig. 197, 200, 203, 205. – Plalycleis abbreviata HOULBERT, 1927, p. 244.
Un peu plus grand que le précédent, brunâtre. Tête avec une bande brune derrière les yeux, divisée par une ligne jaune qui se prolonge un peu sur le pronotum ; lobes latéraux de celui-ci bruns, à bordure jaune très étroite, partie supérieure un peu plus foncée. Pattes brunes. Élytres atteignant l’apex du 7e tergite abdominal chez le mâle, du 4e chez la femelle, assez largement arrondis à l’apex, brunâtres. Dixième tergite du mâle à échancrure arrondie, les angles prolongés en pointe; plaque sous-génitale faiblement échancrée; styles longs; cerques courts, très larges à la base, avec une dent forte et recourbée au milieu. Plaque sous-génitale de la femelle large, presque plate, lisse ou un peu ridée, à échancrure apicale triangulaire, assez profonde, mais variable; partie basale à carène nette; lobes parfois un peu recourbés en dedans à l’extrémité. Oviscapte faiblement et régulièrement courbé.
Long. 17-22 mm. ; pronot. 5-6 mm. ; fém. post. 17-19 mm. ; élytre mâle 8-10 mm., femelle 7-8 mm. ; oviscapte 10-11 mm.
Cette espèce ressemble assez à la précédente; elle est plus petite, sans parties vertes, à élytres plus arrondis à l’apex; chez le mâle, le lOe tergite est plus largement échancré, les titillateurs différents; chez la femelle, l’oviscapte est semblable, mais la plaque sous-génitale à échancrure plus profonde, base carénée.
Plutôt dans le Nord et dans les régions montagneuses; dans les clairières des bois, de préférence dans leb endroits assez humides. Adulte en août-septembre. Le chant ressemble à celui de Pholidoptera griseoaptera : il est plus sourd et plus fréquent, très rapide (220 environ à la minute).
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8. M. (Roeaeliana) roeseli (HAGEND.). – Locusta Roeselii HAGENBACH, 1822, Hymb. Faun. Ins. Helv., p.39, fig.24. – Platycleis Roeselii FINOT, 1890. p.209 ; – AZAM, 1901, p. l59; – HOULDERT, l927, p.244. – Metrioptera Roeseli CHOPARD, 1922, p.84, fig.194, 195, 196, 199; – CHOPARD, 1947, p.34, pl. VI. fig. 71. Roeseliana roeselii ZEUNER, 1941, p. 46, fig. 28.
Biologie. – GERHARDT, 19l3, Zool. Jahrb., XXXV, p. 495, pl.17, fig.9; – BOLDYREV,1915, Hor. Soc. ent. Ross., p.173 ; – CAMPON, 1913, Entomologist, XLVI, p.37 : – RAMMŒ, 1931, Biol. Zentralbl.. LI, p.533.
Espèce ayant la taille et l’aspect de bicolor; dessin de la tête et du pronotum comme azami; lobes latéraux du pronotum à bordure jaune large et assez nette. Mâle : lOe tergite à échancrure très étroite, lobes
rapprochés et arrondis à l’apex; plaque sous-génitale carénée au milieu, à échancrure anguleuse; styles très grêles, subaigus à l’apex; cerques longs, grêles, la partie basale cependant un peu épaissie, dent située un peu après le milieu. Femelle : plaque sous-génitale large, à très profonde échancrure anguleuse, dépassant la moitié de la longueur totale, partie basale carénée, lobes triangulaires, éloignés de la base de l’oviscapte ; celui-ci courbé à la base, moins brusquement cependant que chez les deux espèces précédentes, un peu plus long et moins large. Élytres du mâle atteignant presque l’extrémité de l’abdomen, ceux de la femelle le milieu du 6e tergite, arrondis à l’apex.Long. 14-19 mm. ; pronot. 4-5 mm. ; fém. post. 14-17 mm. ; élytre mâle 8-10 mm . Femelle 5-6 mm. ; oviscapte 7-8 mm.
Assez commun dans les prairies humides, souvent aux abords immédiats des eaux, surtout dans le Nord et dans les régions montagneuses; de juillet à septembre.
Signalé çà et là dans toute la France. – Europe; Sibérie.
forme diluta (CHARP.).- Locusta diluta CHARPENTIER,1825, Hor. Ent.,p.116. – Forme macroptère comparable à celles qui existent chez les espèces bicolor et brachyptera. – Se trouve avec le type, mais bien plus rarement. Cependant, RAMME a trouvé de nombreux individus macroptères de cette espèce dans une localité près de Falkensee et il estime qu’une température au sol particulièrement froide et humide est favorable au macroptérisme.
Il a constaté, d’autre part, que les individus macroptères qu’il avait capturés dans cette localité présentaient une certaine atrophie des glandes génitales semblant devoir entraîner la stérilité. La généralisation de ce fait à toutes les formes macroptères de Metrioptera est à vérifier.
L. chopard
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Références :
Faune de France 56 : Orthoptéroïdes par Lucien Chopard
Détermination des Orthoptères de Vendée : Lien
Merci à Pierre-Yves et Mikaël.