Lanveur, appelé aussi, à tort, Lanmeur, est un des rares sites de landes à l’intérieur des terres du nord Finistère.

La majeure partie du site se trouve sur la commune de Plouvien, l’autre à Lannilis.
Aujourd’hui zone humide naturelle, l’endroit fut autrefois terre de potiers.

Trous de potiers à Lanveur, mis à jour lors des récents travaux de défrichage

Les années de prospérité

Fin 18e siècle, il est mentionné de 50 à 60 poteries dans les communes de Plouvien et Lannilis. Et les années suivantes sont sans doute une grande période de prospérité pour cette activité, faisant vivre un grand nombre de foyers des environs.
Les terres de Lanveur sont alors très recherchées, et se vendent jusqu’à des villes situées à des dizaines de kilomètres de là.

Les poteries produites à Lanveur sont essentiellement utilitaires. Rudimentaires, mais très réputées.

Un rude métier

Le métier est très rude : il faut creuser un grande fosse d’environ deux mètres de profondeur, en extraire la terre, le tout bien souvent avec de l’eau jusqu’aux genoux.
La matière est alors transportée par brouette ou charrette jusqu’à la poterie, où elle est préparée. De multiples étapes se succèdent alors avant d’arriver à la poudre fine utilisée comme base chez les potiers.
S’ensuit encore un travail de longue haleine (préparation de la pâte, mise en forme, cuisson, séchage,…) avant d’arriver au produit final.

Le déclin

Entre 1870 et 1890, des arrêtés préfectoraux interdisent la fabrication et la vente des poteries de Lanveur, du fait du vernis utilisé sur celles-ci (vernis à l’oxyde de plomb), qui est soupçonné de présenter un danger pour la santé.
Malgré le fait que certains potiers passent outre l’interdiction, que d’autres solutions sont alors proposées pour vernir les poteries, c’est le début du déclin des potiers de Lanveur.
Puis l’administration se fait moins catégorique, mais cela n’empêche pas de voir les poteries fermer les unes après les autres.
La concurrence des autres matières pour les ustensiles de cuisine, puis celle des usines de poteries fabriquées en série, et donc à moindre coût, finissent par achever l’activité de Lanveur.

Traversé autrefois par le trajet du fameux petit train départemental, on y apercevait alors encore les trous creusés par les artisans potiers.

Les derniers artisans potiers

Les derniers représentants de cet artisanat furent le Père Cueff et sa femme, tous deux potiers, qui s’éteignirent fin des années 50.

Après des siècles d’utilisation des terres argileuses de Lanveur, les toutes dernières activités de poterie se sont éteintes avec eux, bien que déjà très ralenties depuis le début du 20e siècle.

Aujourd’hui

Aujourd’hui il ne reste plus de cet artisanat ancestral que quelques objets dans des musées, et les trous béants du site, bien souvent envahis par la végétation.
La collection principale de photographies et objets de Lanveur est la propriété du Musée des Arts et Traditions Populaires. Musée fondé en 1937 par Georges-Henri Rivière, et fermé en 2005. Ses collections ont été transférées au Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, qui doit ouvrir ses portes en 2013 à Marseille.

Sources historiques :
Les Cahiers de l’Iroise (n°10 – 1956) : article de M.R. Chevallier-Kervern.